En  raison du rapport des forces et du travail obligatoire  appliqués  sur le terrain, l’administration coloniale reposait essentiellement sur l’exploitation à outrance  des richesses naturelles du territoire  occupé. «  Un trou, un drain vers la mer, c’est un suçoir », disait l’autre. Elle intégrait les services de base sanitaires, scolaires et judiciaires,  parallèlement à l’évangélisation de couches autochtones qu’assuraient les ecclésiastiques. Après  le  second conflit mondial, les revendications  d’amélioration des conditions de vie voyaient le jour dans les colonies. Les autorités  faisaient face aux pressions  nées de l’éclatement des  guerres de libération, et du mouvement des Non-alignés qui s’étaient réunis à Bandoeng. Les super puissances intimaient, par-ailleurs,  aux colonialistes européens de lâcher du lest, suivant le principe « des peuples à disposer d’eux-mêmes », à l’endroit des pays sous leur domination.  La relève locale  préparée dans une mesure, se mettait « dans les bottes » du colonisateur partant, pour conduire un état embryonnaire qui évolue au-delà d’un demi-siècle. L’ex- puissance coloniale française  s’adaptant au retournement de situation, n’en a pas écarté ses prérogatives. Elle  maintient en matière de défense, des bases, la formation et autres accords  militaires ; du point de vue économique par l’exploitation  quasi-exclusive des ressources naturelles, dont  les hydrocarbures, l’uranium et de  minerais ; au plan monétaire par l’utilisation du franc C.F.A garanti par le trésor français, à raison  du dépôt  massif d’or de la part d’anciennes colonies. Des  pays africains bénéficient  de contributions  en matière de développement et dans l’arène  diplomatique par l’état français. En somme, la communauté franco-africaine prévue dans la constitution française  de 1958, jetée par-dessus bord  pendant la cascade des déclarations  d’indépendance, a progressivement pris corps dans l’informel. Ce scenario était mené tant bien que mal de De Gaulle à Mitterrand, jusqu’au moment où l’état français est retrouvé stigmatisé à bien des égards par le génocide commis au Rwanda en 1994, la déstabilisation  de Libye, l’assassinat de Khadafi , le déferlement djihadiste  et l’extension du terrorisme au Sahel.
L’euphorie née dans la perspective du changement socio-politique et économique d’après-guerre froide, tranche  avec le désarroi des populations qui ont espéré  renaitre dans les meilleures conditions sécuritaires et d’essor économique.  Les aléas climatiques, la mauvaise gouvernance, et la corruption endémique, alliés à une combinaison  des destructions, de massacres collectifs, et d’exode massif, n’étaient   pas estompés. Ces contrariétés amenèrent à la remise à plat de  la donne du Vent d’Est  dans nombre de  pays. Cette volteface ferait redouter la récidive de pratiques  contre-productives  du passé. Elle a fait resurgir le spectre de recul démocratique dans la Corne d’Afrique, à l’ouest, et au centre du continent. La France, depuis la Conférence de La Baule en 1990, s’était  investie pour promouvoir la démocratie dans sa zone d’influence en Afrique. Le coup d’arrêt à l’ordre démocratique, est alternativement opéré par des civils au pouvoir et  de militaires locaux. Les auteurs de  putschs et les vainqueurs  des élections  présidentielles au Sénégal, interpellent le leadership français dans une perspective de rompre avec le statu quo, d’inscrire sur les fonts baptismaux la prise de responsabilité souverainiste par les nouvelles générations sur le continent.

 

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